“Bien que les problèmes du monde soient de plus en plus complexes, les solutions restent d’une simplicité embarrassante”. Bill Mollison, le co-créateur de la permaculture avec David Holmgren a l’air bien optimiste ! À l’heure de la pollution et des dérèglements climatiques, et si la solution se trouvait dans les approches alternatives en parfait accord avec la nature, et nos propres valeurs ? L’agriculture intensive est-elle vraiment capable de répondre à nos besoins alimentaires sur le long terme sans mettre en péril les sols, l’environnement, et même l’avenir de la planète ? Et si on passait de la consommation à la production ! La permaculture, cette culture naturelle, locale et dépourvue de tout produit chimique ne serait-elle pas la solution idéale pour protéger la biodiversité et pourquoi pas représenter l’avenir de l’agriculture ? Fini de poireauter, si vous aussi rêvez de changer de mode de vie, découvrez la permaculture. C’est parti !
Les limites de l’agriculture intensive : notre mode de vie
Incendies, inondations, pollution de l’eau. Nos forêts sont ravagées et brûlées. Nos océans : pollués et dégradés. Le constat est simple : nous sur-exploitons notre Terre, dans cette course à la productivité. Depuis les années 50, l’agriculture paysanne traditionnelle a laissé place aux fermes productives. Cette agriculture intensive ne cherche qu’à maximiser la production. Un seul but : produire plus, consommer plus. Mais cette nouvelle agriculture ne tient plus compte de la qualité des produits, de l’éthique dans la conception… en bref du vivant. Les animaux sont élevés hors-sol, engraissés et médicamentés. Les mauvais impacts sur notre Terre et notre santé sont innombrables : appauvrissement des sols, pollution et trop plein d’énergie, surconsommation médicamenteuse, hausse des cancers, pertes d’emplois… Ce n’était pourtant pas le but premier ! À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la production agricole était insuffisante pour répondre aux besoins grandissant de la société. L’agriculture intensive voulait donc “accroître la productivité de l’agriculture, assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, stabiliser les marchés, garantir la sécurité des approvisionnements et assurer des prix raisonnables aux consommateurs.”
Les petites terres ont donc été rachetées pour laisser place aux grandes exploitations mécanisées et robotisées, les régions se sont spécialisées en lançant des monocultures et les machines et engrais chimiques sont apparus.
La naissance de la permaculture, solution alternative
La permaculture voit le jour dans les années 70. Les limites de l’agriculture intensive, pourtant assez récente, sont déjà montrées du doigt. Les problèmes environnementaux ne sont pas nouveaux, mais on commence seulement à en parler. Il y a alors une prise de conscience progressive de la population. Des lois et événements pour l’environnement commencent à émerger. En France, George Pompidou crée pour la première fois un ministère de la nature et de l’environnement. La majorité de la population, les gouvernements y compris, reste tout de même très sceptique. 25 ans après la guerre, on pense plus à reconstruire : l’industrie est la préoccupation principale. C’est dans ce contexte que Bill Mollison et David Holmgren, deux Australiens, créent la permaculture. Ils posent les bases de cette culture naturelle dans leur livre Permaculture one sorti en 1978.
Leur modèle : Masanobu Fukuoka ,chercheur et paysan japonais, qui expérimente alors une méthode d’agriculture plus naturelle, mais également l’agroécologie ou l’agriculture traditionnelle de certains peuples. La permaculture est à la fois un concept innovant, contrastant avec le modèle actuel et très ancien. C’est en quelque sorte un retour aux sources : aux traditions ancestrales et à la nature.
Une culture qui respecte la nature et la biodiversité
Nous avons tendance à concevoir la nature comme un simple outil et à nous poser en maître suprême. Pourtant, celle-ci est bien plus grande que nous, ne l’oublions pas ! Rien n’est laissé au hasard et personne n’est là sans raison. Les mauvaises herbes sont par exemple très utiles pour informer sur le type de sol et donc ce qu’il est préférable de faire pousser. Le but n’est donc pas de combattre ou éliminer ce qui nous déplaît, mais plutôt d’aménager le tout le plus harmonieusement possible. Rappelez-vous : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! La permaculture, c’est en quelque sorte une optimisation de l’énergie et des éléments. Mais tout cela passe d’abord par une observation minutieuse de la nature. Il ne faut plus chercher à la maîtriser, mais à l’écouter et à interagir avec elle. Les principaux buts de la permaculture sont de prendre soin de la terre et des êtres vivants, répondre aux besoins de tous les humains et redistribuer, vendre ou échanger les surplus. Elle respecte et écoute donc totalement les besoins de la nature et des hommes. Les problèmes alimentaires actuels résultent d’un modèle dépassé, mais aussi d’un mauvais partage des ressources. Si tu as trop, tu partages avec ceux qui ont moins !
La permaculture est une philosophie qui propose de travailler avec, plutôt que contre la nature ; d’observer longuement en réfléchissant plutôt que de travailler longtemps de façon irréfléchie ; et de regarder les plantes et les animaux dans toutes leurs fonctions, plutôt que de traiter tout un site en tant que système monocultural. Bill Mollison
Une solution durable aux problèmes environnementaux
La permaculture se veut être une solution viable aux problèmes environnementaux et sociétaux grandissant. Elle renverse les dogmes de l’agriculture intensive et prône l’autonomie, l’autosuffisance, l’équité et la valorisation de la nature. Le terme vient de l’anglais “permanent agriculture” : une agriculture plus stable et durable. L’agriculture intensive a permis d’augmenter la production après-guerre, mais comporte beaucoup de limites et n’est pas une vraie solution à l’insécurité alimentaire. Elle donne peut-être de meilleurs rendements, mais à long terme, elle appauvrit nos sols et consomme beaucoup trop d’énergie. La permaculture est un modèle complètement différent, voire même à l’opposé : elle est autosuffisante et permet à la fois de protéger les écosystèmes existants et d’en créer de nouveaux. C’est un système qui s’inspire de la nature et cherche à s’associer avec elle sans chercher à la contrôler. Là où l’agriculture classique tue et pollue, la permaculture fait renaître et prospérer. Bien loin des immenses champs, elle valorise les petits jardins locaux et nous encourage ainsi à produire nous-même ce que nous consommons ! Elle s’applique aussi bien en ville qu’à la campagne, en hiver qu’en été. Vous pouvez très bien cultiver en serre et profiter de la chaleur du soleil sans être embêté par les intempéries, le vent ou encore la pollution. Et sans jardin, vous pouvez toujours commencer par votre balcon !
Un vrai gain de temps et d’énergie
Dans le jardin, on cherche à créer du lien entre les éléments. On récupère l’eau de pluie, on stocke l’énergie, on utilise les plantes et matériaux organiques pour créer du compost, des engrais verts et donc aider à faire pousser ! La nature nous donne déjà tout ce qu’il faut ! Nos mains sont nos meilleurs outils. Les microorganismes, nos meilleurs alliés. Ils se chargent de l’essentiel : aérer la terre et décomposer les matières organiques en humus, la nourriture préférée de la terre. Inutile de retourner la terre : cette pratique ne fait que détruire la micro-faune pourtant si essentielle ! Les engrais et insecticides chimiques sont également à proscrire ! Toutes ces pratiques de la permaculture permettent de préserver l’ensemble des espèces vivantes et de les laisser travailler de manière optimale. La permaculture redonne de la place au vivant, à la nature. Moins de travail pour vous : votre principale tâche est surtout de réutiliser et d’optimiser ce qui est déjà sous vos yeux ! Pour cela, utilisez le fameux outil design : conception, réalisation, maintenance et réévaluation deviendront votre nouveau mantra ! Le but n’est pas de travailler beaucoup, mais de travailler intelligemment et sans détruire l’environnement. Vous aurez plus de temps pour profiter et regarder vos plantations pousser ! Et plus besoin de vous rendre à l’autre bout de la ville pour trouver une salade qui a elle-même déjà bien voyagé : il vous suffit de parcourir les quelques mètres qui vous séparent de votre terrain !
La permaculture : assurer notre avenir
L’agriculture industrielle menace la biodiversité et la fertilité des sols. Les énergies fossiles, dont elle dépend, deviennent de plus en plus rares et chères. La population mondiale croît tandis que les ressources se réduisent à vue d’œil. Les modèles agricoles actuels paraissent donc bien incapables de suivre notre évolution. Ils se disent plus productifs, mais consomment 800 fois plus d’énergie qu’une agriculture naturelle. La permaculture est bien plus efficace : elle ne produit pas de déchets et optimise les éléments déjà présents. Pas besoin de produire des tracteurs ou autres outils riches en énergie. On ne s’appuie que sur la nature dans une conception éthique et respectueuse des êtres vivants. Moins de transports également car on produit localement. La permaculture pourrait donc bien être la solution pour nourrir tous les humains sans polluer la planète, et ce, de manière durable. Ce n’est tout de même pas une solution magique : encore faudrait-il partager ses surplus. Manque t-on vraiment de ressources ou sont-elles seulement détenues par une part de la majorité pour ensuite être jetées tandis que tant encore meurent de faim. Bien plus qu’une simple agriculture, la permaculture nous fait réfléchir à notre mode de vie actuel.
C’est aussi un vrai état d’esprit : elle encourage les jardins individuels et donc notre propre autonomie. À nous donc d’apprendre à produire notre propre nourriture et répondre à nos propres besoins ! Alors, on se lance quand ?
La période est propice à la réflexion ! Entre Covid-19 et réchauffement climatique, il est plus temps que jamais de changer nos habitudes, mais surtout nous avons de plus en plus conscience des limites de notre mode de vie et de la nécessité d’en changer. L’agriculture intensive est de plus en plus montrée du doigt et beaucoup de solutions alternatives voient le jour. La permaculture est déjà bien présente dans de nombreuses communautés notamment dans les éco-villages et son efficacité n’est plus à démontrer. Elle pourrait donc très bien représenter l’avenir de l’agriculture et une solution durable à bien des problèmes !
Et vous, avez-vous déjà entendu parler de la permaculture ?
Pensez-vous que cette méthode alternative pourrait représenter la nouvelle agriculture ?
Envie de vous lancer ? C’est par ici.
Karenna McDonald